Coupe du Monde : Les quarts au microscope

Si le Maroc n'avait pas créé l'exploit face à l'Espagne (0-0, 3-0 tab) – même si les Lions de l'Atlas, en tant que premiers de groupe face à un deuxième, n'ont finalement fait que respecter la hiérarchie – on se serait retrouvé avec des quarts de finale des plus classiques : cinq Européens et les deux grandes nations sud-américaines, habituées de l'exercice. En effet, si on ne compte pas les trois éditions sans quarts de finale (1930, 1950 et 1982) et si on rajoute 1974 et 1978, qui n'en ont pas compté officiellement mais où le deuxième tour comportait deux groupes de quatre, soit huit pays, le Brésil est celui ayant le plus figuré à ce stade (16), désormais à égalité avec l'Allemagne, absente cette année comme il y a quatre ans, après avoir participé à tous les quarts depuis 1954. Quant à l'Argentine, qui a dû attendre 1966 pour y participer une première fois, elle en est à 10, comme l'Angleterre.

Pour la France, c'est déjà le huitième quart de finale, après n'en avoir signé que deux (1938, à domicile, et 1958) jusqu'en 1986 (si on excepte sa demi-finale en 1982, à la suite de quatre groupes de trois). C'est le septième pour les Pays-Bas, le premier étant survenu en 1974, soit 7 sur 13, une belle moyenne. Même chose pour la Croatie, indépendante footballistiquement depuis 1994, qui n'a raté qu'un Mondial sur 7 et qui va disputer son troisième quart de finale. Même chose pour le Portugal, grande nation de football mais qui n'en a signé qu'un, en 1966 avec Eusebio, avant son deuxième, en 2006, également son dernier en date. On peut par ailleurs noter que plusieurs anciens vainqueurs ont raté le train : l'Italie, bien sûr, qui a carrément oublié de venir à la gare, ainsi que l'Allemagne et l'Espagne déjà nommées, mais aussi l'Uruguay, devancée par la Corée du Sud en phase de poule. Soit quatre sur huit, le même nombre qu'en 2018, l'Uruguay remplaçant l'Argentine, ou en 2014. Ils n'étaient également que quatre en 2010, mais l'Espagne était sur le point de rejoindre ce club très fermé.

Les Européens, comme toujours, font le plein, avec cinq qualifiés. C'est à peine en dessous de leur moyenne habituelle (5,5) et évidemment nettement mieux que les Sud-Américains (1,9), les Nord-Américains (0,26), les Africains (0,2) et les Asiatiques (0,1). Il faut dire qu'ils ont toujours été beaucoup plus représentés (52,7 % de participation) que leurs collègues sud-américains (18,2 %), africain (10,2), nord-américains (9,4) ou asiatiques (8,6). Les pays du Vieux Continent sont malgré tout un de moins qu'en 2018 mais un de plus qu'en 2014, et qu'ils sont loin de leurs performances de 1978 et 1994 (7 sur 8), sans parler de celle de 1934, où ils avaient fait un 8 sur 8, sachant qu'ils étaient 12 sur 16 au départ. Leurs moins bonnes performances, elles, se situent quand il s'agit d'aller loin de chez eux : en Corée et au Japon, en 2002, et en Afrique du Sud, en 2010 (3 à chaque fois). D'ailleurs, l'Europe se comporte nettement mieux chez elle (6,2 contre 4,6 en dehors de ses frontières). C'est logiquement l'inverse pour les Sud-Américains (2,6 sur leur continent et 2,3 dans le reste du Monde contre 1,5 en Europe).

Pour les autres continents, c'est dans la moyenne pour les Sud-américains (2) mais un événement pour l'Afrique, qui signe son quatrième quart de finale de son histoire avec le Maroc, qui succède au Cameroun 90, au Sénégal 2002 et au Ghana 2010. C'est donc la troisième fois sur quatre que cet événement survient en dehors de l'Europe, seuls les partenaires de Roger Milla ayant réussi à briller en Italie, il y a 32 ans. Il faut remonter à 2014 et la présence du Costa Rica au Brésil pour voir un autre continent être représenté, et en 2002 pour y voir des Asiatiques (le Japon et la Corée du Sud dans leur Coupe du Monde).

Pour anticiper les résultats des quarts de finale de cette Coupe du Monde au Qatar, on peut essayer de se baser sur le taux des réussite des qualifiés dans l'exercice et affirmer que la Croatie et le Portugal, qui ont tous deux gagné leurs deux premiers quarts, sont favoris, devant les Pays-Bas (83,3 %), et la France (71,4 %). Sauf que les premiers nommés vont affronter le Brésil, dont le taux de qualification est également positif (10 sur 15, 66,7 %). L'Argentine, en revanche, traîne à 44 %, devant l'Angleterre (33 %). Quant au Maroc, ce sera le bizut du plateau, pour qui tout sera donc possible.